Aujourd'hui je partage une réflexion sur la parole et l'écoute dans le cadre de la consultation de sophrologie.
Laisser parler et écouter le consultant paraît être évident lorsque l'on se trouve dans la relation d'aide, néanmoins ce n'est pas un exercice anodin.
La parole du consultant à chaque début et fin de séance est un temps qui fait partie intégrante de la consultation; cette parole donne le ton et guide l'accompagnement dans une direction, en fin de séance, la parole rend compte de ce qui a été vécu par le sophronisé et permet d'ajuster la suite du protocole. Il s'agit pour la sophrologue d'écouter pour suivre le fil que déroule le sophronisé.
La posture du sophrologue, sa façon de tendre l'oreille, de reformuler ou souligner certains points décrits par le consultant, la manière d'écouter est, à mon sens, la clé d'un accompagnement réussi. De l'écoute du thérapeute naît la confiance du consultant.
Néanmoins, en plus de ces temps de parole dans le cadre de la consultation de sophrologie, je me trouve régulièrement dans la posture d'écoutante et non plus de sophrologue.
Je constate que des personnes que j'ai accompagné par la sophrologie, reviennent au cabinet pour simplement parler. La demande est explicite dés la prise de rendez-vous: "j'aimerais vous voir, pour vous parler, pas forcément pour une sophro".
Dans un premier temps, je propose toujours de réorienter les personnes vers un-e psychologue, je redis le cadre de mes consultations. Mais malgré cela, les personnes souhaitent revenir vers moi en raison de la relation de confiance déjà tissée et établie.
J'ai alors cherché ce que je pourrai apporter à ces personnes dans ce temps de parole: quoi dire, que faire, etc... . Puis, je me suis rendu compte qu'il n'y avait rien d'autre à faire qu'accueillir la parole dans une écoute active et bienveillante. Laisser cet espace ouvert pour laisser dire les peurs, les doutes, les souffrances, les blessures, les colères.
Je propose néanmoins aux consultant-e-s de s'assoir dans le fauteuil de consultation, généralement je guide une respiration complète avant de laisser la parole se dérouler.
Je me permets d'interrompre le récit au moment que je juge opportun. A ce moment-là, je demande à la personne de fermer les yeux, de se tourner vers ce qui se passe à l'intérieur. Quelle émotion prédomine, quel ressenti physique émerge. A partir de cet espace intérieur, je guide les consultant-e-s à aller un peu plus loin, dans l'élaboration de ce qu'ils sont entrain de vivre, notamment avec le recours à l'image mentale. Dans un état de conscience plus éveillé que l'état de sophronisation, nous entamons alors un dialogue sur le théâtre intérieur entrain de se jouer: à quoi ou qui cette colère est associée, qu'est-ce qui pourrait l'apaiser, que vous dit l'enfant que vous voyez, dans quelle partie de votre corps y a t-il de l'inconfort, etc... sont autant de pistes à explorer.
C'est un travail différent que celui que propose la sophrologie "pure" mais qui permet aussi d'aller à la rencontre de soi.
Dans un tout autre registre, je reçois aussi des personnes qui ont terminé leur accompagnement en sophrologie, et qui ressentent le besoin de venir me voir une dernière fois pour parler.
C'est un autre dialogue qui s'enclenche alors, il est plutôt de l'ordre de la validation de l'évolution et du chemin parcouru. Je deviens le témoin d'un changement, et par le récit qui m'en est fait, j'acte ce changement. C'est un moment qui peut être important pour la personne car il dit l'évolution qu'elle a opéré, et je suis parfois le seul témoin de cela. Beaucoup de personnes qui consultent ne se racontent pas ailleurs que dans le lieu du cabinet. Parfois, les personnes viennent me dire aussi comment nos séances de sophrologie ont été le point de départ d'un travail personnel qui se poursuit auprès d'un autre professionnel généralement psychanalyste ou psychologue.
Ces deux cas de figure m'ont obligés à me questionner sur ma posture de sophrologue et particulièrement sur le cadre de mes consultations. J'ai dû me situer, me positionner, et décider de mes propres limites. Néanmoins, cette nouvelle forme de consultation permet aussi de me renouveler dans mes manières de faire et c'est toujours enrichissant de s'ouvrir à de nouveaux possibles!
J'accueille ces "consultations de parole" avec gratitude, c'est un véritable cadeau de recevoir les mots qui racontent l'intimité d'une personne.
Au plaisir de lire vos expériences de consultant-e ou de thérapeute!
Merci pour ce partage. A réfléchir!
Une évolution qui te ressemble tellement!
Très bel article Aurèle et quel beau cadeau pour tes patients.
article inspirant !